Une prothèse de main personnalisée
Beaucoup moins lourde que le dispositif du commerce, cette prothèse développée par des makers et des étudiants grenoblois est confortable et beaucoup moins chère.

Une prothèse de main personnalisée

Un concept novateur

Dans le cadre de l’association e-Nable France, la Team Gre-Nable, un groupe grenoblois est à l’origine du projet de système Flexibone, une prothèse de main à commande électrique. Ce pojet a été ensuite repris et amélioré par un groupe d’étudiants de Grenoble INP. Philippe Martin, un enseignant de l’école, chercheur au laboratoire G-SCOP, et membre de cette association met en lien les personnes qui ont besoin d’un tel appareil avec ceux qui sont capables de les fabriquer, explique : « Nous réalisons toutes sortes de dispositifs adaptés à la pathologie de leur bénéficiaire. Ces travaux font d’ailleurs parfois l’objet de projets d’ingénieurs pour les étudiants de deuxième année à Grenoble INP – Génie industriel en filière ingénierie de produits, mais aussi pour des étudiants alternants de la filière IMT par exemple. »

Ce concept de prothèse de main personnalisée et pratique fait suite à l’appel de Nathalie en 2018, une amputée transmétacarpienne. Elle explique qu’elle est très insatisfaite de sa prothèse myoélectrique, qui a coûté 48 000 euros, mais pèse bien trop lourd (environ 1,5 kg), n’est pas facile à manier et ne supporte pas l’humidité, ce qui la rend inutilisable au quotidien. Accompagné d’un groupe d’étudiants, Philippe Marin travaille depuis 3 ans sur ce projet, afin de faciliter la vie quotidienne de Nathalie.

Technologies utilisées

La prothèse conçue par la team Gre-Nable pèse seulement 500 g, le poids moyen d’une main humaine et coûte dans sa réalisation environ 200 euros. L’ossature des doigts est réalisée à partir de pièces en polymères imprimés 3D souple. Ces « os » sont ensuite insérés dans des coquilles en plastique plus rigide afin de constituer chaque phalange et conférer une bonne flexibilité.

Le résultat est ainsi réaliste, donnant à chaque doigt un aspect naturel. La fabrication des doigts est aisée « il suffit d’imprimer l’os central en une seule partie souple et les six demi-phalanges rigides (en ABS ou en PLA) ». La partie flexible sert pour l’articulation mais aussi à l’intégration de patins, soit des coussinets afin d’établir un contact doux sous chaque phalange.

Les prothèses à assistance électrique utilisant des capteurs myoélectriques comme moyen de contrôle, peuvent devenir imprévisibles et difficiles à contrôler. En comparaison, la technologie Flexibone privilégie l’utilisation mécanique afin d’assurer une interface étroite avec le système nerveux central de l’utilisateur. Les étudiants en projet Responsible-design@Grenoble ont ainsi repris les tests de cette prothèse et ont ajouté la commande électrique : « Leur travail a abouti à un prototype commandé par un joystick de console de jeu, lequel est actionné par le morceau de pouce résiduel de la patiente qui se place à l’intérieur du boîtier. »

Si certains aspects tels que les servomoteurs ou le contrôle haptique doivent être améliorés, le projet est en bonne voie : un étudiant en master recherche devrait pouvoir fabriquer une prothèse plus maniable pour Nathalie.

Frida Hussain

En savoir plus:

Le projet en détail : 

https://www.gre-nable.fr/main-assistee-electriquement-flexibone/

Tous les documents et données générés au cours de ce projet sont publiés en open source (certifié par l’Open Source Hardware Association sous la référence FR000008) avec l’intitulé “Assisted Flexibone Prosthetic Hand” et selon les termes de licence Creative Commons Attribution (CC By).

Site de Grenoble INP http://www.grenoble-inp.fr/

Site de la team Gre-nable https://www.gre-nable.fr/