Les enjeux de la lutte contre le sida
Ce dimanche 23 juillet s'est ouvert à Paris le plus grand rassemblement au monde consacré à la lutte contre le sida, l'IAS, du nom de l'International Aids Society, un rendez-vous ayant lieu tous les deux ans. Plus de six mille scientifiques venu·e·s du monde entier, virologues, immunologues, généticien·ne·s, médecins, représentant·e·s d'associations et de l'industrie, spécialistes de la santé publique, ont assisté à la séance plénière d’ouverture du congrès. Le congrès prend fin le 26 juillet, à l'issue de quatre jours de colloques, conférences et séminaires visant à faire le point sur les soins et l'accès aux traitements de cette maladie.
En France, plus de 150 000 personnes vivent avec le VIH, un virus qui reste présent pour toute la vie dans l'organisme, du fait des cellules réservoirs. Chaque année, près de 6 000 personnes dont 42% en Île-de-France découvrent leur séropositivité, un chiffre stable depuis 2011. Un quart des nouvelles personnes infectées ne sont pas prises en charge, pour 80% d'entre elles parce qu'elles ignorent leur état. Certaines populations sont plus concernées que d'autres par l'éventualité d'une infection, avec des risques donc des enjeux de prévention, dépistage et traitement spécifiques pour chacune d'entre elles.
Recherche fondamentale, recherche clinique, recherche en sciences sociales, toutes les disciplines sont représentées lors des débats qui animent la communauté internationale. Entre les prises de position de l'actuel président des États-Unis, les restrictions de financement américaines et les mesures européennes d'austérité, qui touchent aussi bien le domaine de la recherche que celui de la santé, le contexte international inquiète les scientifiques, alors même que la fin de l'épidémie est techniquement imaginable, pour la première fois depuis les premiers cas dans les années 1980.
Les pistes de recherche autour du VIH
Les enjeux des nouvelles stratégies contre le VIH sont de limiter au plus la charge virale chez les personnes infectées et de réduire voire de stopper la propagation de l'épidémie. Les stratégies de prévention ont fait de grands progrès ces dernières années, autant du point de vue des traitements en eux-mêmes que de leur disponibilité. Du point de vue biotechnologique, le séquençage permet d'analyser la variabilité du virus, afin de mieux comprendre les mécanismes d’infection. Les co-infections associées au VIH sont également déterminantes pour adapter au mieux les stratégies thérapeutiques des patient·e·s, comme dans le cas d'une co-infection par le virus de l'hépatite C.
Les équipes mènent aussi des recherches actives sur l'évolution dans le temps des facteurs de risque de transmission du VIH entre la mère et l'enfant. Le vaccin reste à l'étude, même si son application n'est envisagée que sur le long terme. Le vaccin thérapeutique viserait à redynamiser le système immunitaire des patient·e·s infecté·e·s pour les rendre durablement résistant·e·s au virus, tandis que le vaccin préventif correspond à la définition courante du vaccin avec son objectif d'empêcher l'infection en cas de contact avec le virus.
Le virus du VIH ayant la capacité de se dissimuler dans certaines de nos cellules immunitaires, les cellules réservoirs, il peut resurgir dès l'arrêt d'un traitement empêchant l'expression des protéines virales. Cela oblige les patient·e·s à suivre leur traitement à vie, les trithérapies étant les traitements de référence. Le but aujourd'hui est donc maintenir le virus en sommeil le plus longtemps possible en limitant les effets secondaires des traitements. Leur coût élevé pose un problème d'accès dans les pays en voie de développement. Les pistes à l'étude sont les antiviraux à longue durée d’action, qui peuvent être développés sous forme de patch, d'une injection sous-cutanée par couplage à des nano-particules permettant une diffusion prolongée et ciblée vers les cellules réservoirs.
Publié le 25 juillet 2017
