Ariane 6 : l'Europe veut rester dans la course
Début décembre 2014, les dirigeants européens sont finalement parvenus à un accord et ont annoncé le lancement officiel du projet spatial Ariane 6, avec une mise en service à l'horizon 2020. Qui sont les acteurs de ce chantier d'envergure colossale ?

Ariane 6 : l'Europe veut rester dans la course

Les vingt ministres en charge de l'espace des pays membres de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) se sont concertés pendant des mois avant d'annoncer en décembre 2014 le démarrage du projet de construction d'un nouveau lanceur : Ariane 6. Une décision motivée par la volonté de de montrer que l'Europe demeure un acteur majeur de la conquête spatiale.

En effet, en discussion depuis près de deux ans, la validation du projet Ariane 6 s'est avérée essentielle afin de pouvoir concurrencer le géant américain SpaceX d'Elon Musk. Ce dernier propose déjà des tarifs de lancement bien inférieurs à ceux du lanceur Ariane 5, estimés en moyenne à 130 millions d'euros. Un défi aux aspects technologiques et industriels mais également économiques : il s'agit de trouver des solutions permettant de réduire les coûts de production d'Ariane 6 ainsi que le prix des futurs lancements de satellites qu'elle réalisera.

Pour ce faire, les ministres se sont finalement ralliés à la proposition française : créer un nouveau lanceur plus petit et plus maniable, plutôt qu'un modèle amélioré d'Ariane 5, comme le préconisait par exemple l'Allemagne. Deux configurations d'Ariane 6 verront le jour : Ariane-64 (version lourde), équipée de quatre boosters, qui pourra emporter une charge utile totale de 11 tonnes pour un tarif aux alentours de 100 millions d'euros, et Ariane-62 (version légère), équipée de deux boosters et destinée aux lancements de petits satellites, cette fois pour 70 millions. Le montant total du développement d'Ariane 6 est estimé à huit milliards : la France prendra en charge la moitié de cette somme, et des pays comme l'Allemagne et l'Italie apporteront aussi d'importantes contributions (respectivement 22% et 12%), le reste étant réparti entre les autres pays membres.

Du point de vue institutionnel, il y aura d'importants changements, toujours dans cette optique de réduction des coûts de production. La société ArianeSpace, qui commercialise les lancements, va être privatisée et intégrée à la société commune que sont en train de fonder les deux géants de l'aéronautique Airbus Space Systems et Safran : Airbus Safran Launchers (ASL). Ces deux industriels maîtriseront l'ensemble de la chaîne de production et assureront la conception des lanceurs.

Une tâche qui était jusqu'à présent répartie entre les agences spatiales européenne (l'ESA) et celle française (le ). Celles-ci disposaient chacune de leurs propres équipes de recherche qui travaillent de leur côté avant de mutualiser leurs résultats. L'ESA demeure cependant maître d'ouvrage du projet : elle en définit les objectifs et conçoit l'architecture du système de l'ensemble. Le CNES, quant à lui, sera chargé du segment sol d'Ariane 6 et a également décidé de renforcer sa coopération avec l'ONERA (Centre de recherches aérospatiales français) pour ses travaux R&T (Recherches et Technologies). L'organisme apportera son expertise sur des questions liées à l'aérodynamique et la mécanique : conception de structures composites, transferts thermiques dans les moteurs, pilotage des lanceurs...

Enfin, en adoptant de nouvelles méthodes industrielles, le groupe Airbus Safran Launchers sera plus à même de prendre en charge l'optimisation et le développement, la mise en commun des achats ainsi qu'une meilleure mise en concurrence des fournisseurs.

En savoir plus:

Le succès de la sonde européenne Rosetta : http://www.exploratheque.net/articles/historique-la-sonde-europeenne-rosetta-atterrit-sur-une-comete

Le projet Ariane 6 présenté par le CNES, l'ESA et l'ONERA